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7. StratigraphieDans ce chapitre, nous allons en premier lieu présenter les données brutes obtenues lors de la fouille, c’est-à-dire la description des unités stratigraphiques délimitées dans le relevé du profil oriental de la tranchée K2 (fig. 9). Par la suite, nous tenterons d’esquisser une synthèse logique de la constitution des dépôts par deux approches complémentaires :
Nous espérons être en mesure, à la suite de ces deux analyses, d’élaborer une séquence cohérente qui respecte tant l’information sédimentologique, pédologique, archéologique et éventuellement paléobotanique. Si possible, nous tenterons de définir des horizons stratigraphiques diachroniques qui faciliteront l’interprétation de la corrélation entre matériel archéologique et agencement stratigraphique. Fig.
9-1 7.1 Description brute des unités stratigraphiquesLa description originelle est rédigée en allemand. Le mode descriptif utilisé est littéral. De manière à ne pas déformer le sens initial de la description, nous l’avons traduite littéralement en français.
7.2 Additions et subdivisions d'unités stratigraphiques7.2.1 Volumes de glaceAux 45 unités stratigraphiques précédemment décrites, il faut ajouter deux unités qui sont indiquées sur le relevé, mais qui ne sont pas décrites dans la documentation écrite. Il s’agit de deux volumes constitués de glace.
7.2.2 "Complexe 18" et ramificationsEn
observant le relevé du profil, nous pouvons remarquer que l’us18 se développe
sur une distance de près de 12 m. Selon sa description littérale,
l’us18 possède une composition homogène (cendres) sur toute son étendue.
Mais malgré cette homogénéité, l’us18 présente une forte variabilité
morphologique. Il est même assez évident que plusieurs couches distinctes
aient été amalgamées en une unité stratigraphique unique. On remarque
qu’entre M11 et M17.2, l’us18 se ramifie en trois segments de pendages
divers. Entre M18.3 et M22.6, l’us18 regroupe deux segments distincts, séparés
par deux couches de composition différente. En se basant sur ces remarques, il
est bien difficile d’admettre l’unité du « complexe 18 », et
cela malgré l’homogénéité sédimentologique apparemment observée sur le
terrain. Pour ne pas nous heurter à d’éventuelles incohérences lors de
l’analyse stratigraphique, nous décidons de distinguer cinq unités
stratigraphiques distinctes à partir du « complexe 18 » (
7.2.3 "Complexe 19"Dans le contexte de la subdivision du « complexe 18 », il est apparu que l’us19, qui se développe sur près de 12 m entre M11 et M22, nécessite elle aussi une observation attentive. Nous remarquons qu’elle est constituée de trois parties qui ont été amalgamées dans le relevé. Comme pour le « complexe 18 », nous décidons de subdiviser le « complexe 19 » en trois unités stratigraphiques distinctes (Fig. 9) :
7.3 Analyse de graphes stratigraphiques7.3.1 But et méthodeLe but du graphe stratigraphique est de remplacer le relevé du profil par une représentation synthétique bidimensionnelle des relations d’antériorité et de postériorité qui existent entre les unités stratigraphiques qui composent le profil (Djindjian 1991:61-62). Dans cette perspective, nous nous intéressons uniquement aux limites des unités stratigraphiques, et non à leur contenus. Bien entendu, la représentation bidimensionnelle que nous obtiendrons ne sera qu’une vision simplifiée de l’ordonnancement tridimensionnel réel des dépôts (Ibid.). La méthode consiste à :
Deux modes de représentation peuvent être utilisés : la matrice de Harris (Djindjian 1991:62-64) et la représentation graphique de Desachy et Djindjian (Ibid.:64-66). Nous avons choisi d’utiliser la représentation de Harris, car le profil considéré est unique et linéaire, et sa synthèse graphique ne devrait pas poser de difficultés notoires ; le principal avantage de la représentation de Desachy et Djindjian réside dans la synthèse bidimensionnelle de plusieurs profils tridimensionnels, ce qui n’est pas le cas pour notre profil. 7.3.2 Matrice de HarrisLa représentation graphique de Harris, développée principalement sur des sites urbains, est une méthode qui était, initialement, manuelle et purement graphique. Pourtant, plusieurs solutions informatique ont été proposées pour automatiser le tracé de la représentation de Harris. Parmi celles-ci, nous avons choisi d’utiliser le module HARRIS de la version 4.5 du Bonn Archaeological Statistics Package (Herzog et Scollar 1990). Après avoir entré les étiquettes des 55 unités stratigraphiques et les relations directes qui les lient, le programme passe par une série de routines d’analyse qui permet de résoudre les cycles (relations illogiques), les relations de contemporanéité mauvaises ou conflictuelles, et élimine les relations redondantes. Ensuite, une routine permet de générer automatiquement (ou manuellement) le graphe des relations entre unités stratigraphiques, tout en minimalisant les croisements de lignes. Les principes graphiques utilisés par le programme (fig. 10) correspondent rigoureusement à ceux définis par Harris (Ibid.:62, Fig. 4.16) : Du point de vue graphique, le résultat que nous avons obtenus (fig. 11) présente un réseau de relations optimisé sans croisements de lignes horizontales ou verticales ; ce fait est principalement dû au fait que nous avions séparé les us18 et us19 en plusieurs sous-unités. Sans cela, il aurait certainement été plus difficile d’obtenir un graphe de Harris sans croisements. Par contre, la représentation brute extraite par le programme informatique (cf. Annexe B) ne place pas automatiquement les unités stratigraphiques à des étages relatifs aux positions dans le profil ; cette opération a dû être effectuée manuellement. 7.3.3 AnalyseLa représentation de Harris permet de mettre en évidence quelques séquences intéressantes. La plus évidente est sans doute le triple empilement parallèle us2-7 // us10sup-10inf-11 // us25-15-16-26-17-18e-29 que l’on trouve en bas et à gauche de la Fig. 3. Il correspond en effet à un remplissage simple (3 unités stratigraphiques) localisé entre deux séquences complexes. La constitution d’une telle structure est logique si on y intègre des éléments structuraux verticaux (qui sont présents entre les dépôts). L’ensemble est visiblement une construction anthropique : nous verrons qu’il s’agit d’une ruine d’habitat semi-souterrain tranchée par le profil. Le graphe nous permet aussi de réduire le nombre réel des unités stratigraphiques puisque us17=us19b, us18c=us18d, us27=us34, us18a fait partie de us19a et ice-a fait partie de us42. Ce qui ramène le nombre d’unités à 49 au lieu des 55 initiales. D’autres séquences seront éclairées par l’intégration des données architecturales, chronotypologiques et radiochronologiques. Ces éclaircissements seront développés dans les chapitres concernés (chapitres 8 et 10). 7.4 Analyses de similarité des dépôtsEn se basant sur les descriptions littérales brutes, et après uniformisation de certains caractères, il est possible d’analyser les caractéristiques des unités stratigraphiques et de tenter de définir certains traits de similarité. L’analyse de similarité se fait uniquement sur les caractéristiques uniformément décrites dans les données brutes. Certaines caractéristiques ne sont que rarement précisées, et cette information servira uniquement lorsque nous tenterons de comprendre la formation de certains dépôts. Sept caractères principaux sont retenus pour l’analyse de similarité :
D’autres caractères, comme par exemple les indices de constructions, seront utilisés dans le chapitre 8 suivant consacré au structures architecturales. 7.4.1 Couleur primaireLe tableau suivant présente les us qui présentent des similarités par leur couleur primaire.
Tab. 4 - Similarité des unités stratigraphiques par couleur primaire. La couleur des dépôts est un caractère éminemment variable. Par ailleurs, la détermination des couleurs est sujette à des interprétations subjectives. Dans certains sites arctiques et subarctiques, les dépôts n’ont pratiquement pas subi de compression post-dépositionnelle, ni de processus de décomposition, ce qui résulte dans des dépôts de forte puissance préservée. Il arrive fréquemment que ces dépôts de forte puissance montrent des variations verticales ou horizontales (faciès) sans qu’il soit possible de ségréguer plusieurs unités distinctes. Dans de tels dépôts, la couleur du sédiment peut varier considérablement selon le degré d’humidité et l’illumination. Par exemple, il est extrêmement difficile, a posteriori, de savoir si le noir brun et le brun sombre sont des couleurs différentes. Compte tenu de ces remarques, nous ne considérons pas la couleur comme un critère pertinent dans l’analyse de similarité des unités stratigraphiques, et nous ne l’utiliserons donc pas comme tel. 7.4.2 Degré d'humicitéUn degré d’humicité (degré de présence de matière organique essentiellement composée de débris végétaux) a parfois été précisé dans les descriptions. Malheureusement, il est impossible de déterminer la part de subjectivité dans cette observation. Il aurait été bien plus opportun de caractériser les sols par leurs différents horizons (A, ou éluvial, B, ou illuvial, et éventuellement C, ou roche mère fragmentée). Malgré cela, l’information sur le degré d’humicité peut éventuellement être utilisé parallèlement aux autres caractères pour tenter de distinguer des dépôts similaires. Trois degrés d’humicité ont été observés : faible, moyen et fort. Le tableau suivant regroupe les us qui présentent un degré identique.
Tab. 5 - Similarité des unités stratigraphiques par degré d’humicité. 7.4.3 DensitéLa densité des sédiments est ici comprise dans son sens commun, et non dans son sens physique de quotient de la masse d’un certain volume d’un corps. Elle correspond donc plus à la description de la fermeté du sédiment. Encore une fois, la subjectivité est inhérente à la description d’un tel caractère, et son intérêt en est ainsi diminué. Les degrés et adjectifs suivants ont été relevés lors de la description du profil stratigraphique : densité forte, lâche, induré. Dans 28 cas, aucun degré de densité n’est précisé. Dans ces conditions, il faut bien avouer que ce critère est difficilement utilisable.
Tab. 6 - Similarité des unités stratigraphiques par degré de densité. 7.4.4 TextureDes informations sur la texture ont été relevées dans la description du profil. Elles comprennent des caractères liés à plusieurs facteurs, notamment à ceux qui concernent la composition organique du dépôt. Les dépôts herbeux seront plutôt fibreux et spongieux, alors que des dépôts sableux seront fins et secs. De plus, aucune caractérisation de la texture n’est mentionnée, ce qui rend également ce caractère peu pertinent.
Tab. 7 - Similarité des unités stratigraphiques par la texture. 7.4.5 Inclusions sédimentairesPour les inclusions sédimentaires, il est d’abord nécessaire de déterminer la présence des différentes classes granulométriques : argile, sable, gravier ; on distinguera aussi les coquillages pour les dépôts qui en sont constitués presque exclusivement. Ensuite, il s’agira de mettre en évidence les similarité entre us pour chacune des classes granulométriques. Apparemment, les limons n’ont pas été spécifiquement observés dans les dépôts, bien que leur présence soit indubitable.
Tab. 8 - Similarité des unités stratigraphiques par la présence des trois classes granulométriques observées (argile, sable, gravier). Les us qui contiennent deux classes granulométriques sont soulignées ; celles qui en contiennent trois sont en gras. 7.4.5.1 Argile
Tab. 9 - Similarité des unités stratigraphiques par la quantité d’argile. On peut considérer que les us sans indication de la quantité d’argile contiennent peu, très peu ou pas d’argile. 7.4.5.2 SableL’information sur la composante sableuse des sédiments est souvent reportée dans les descriptions. Il est possible de distinguer des indications liées à la quantité, à la granulométrie et à l’état des grains.
Tab. 10 - Similarité des unités stratigraphiques par la quantité de sable.
Tab. 11 - Similarité des unités stratigraphiques par la granulométrie du sable. En ce qui concerne la granulométrie, il faut remarquer que la description fait parfois état de sable dont le diamètre des grains est « inférieure à 5 mm », alors que la définition courante de l’intervalle granulométrique des sables est compris entre 1/16 et 2 mm. Malgré cela, et du fait qu’il est impossible, a posteriori, d’intégrer ces « gros grains de sable « (2-5 mm) dans les graviers, nous nous bornerons à considérer le tout comme du sable, bien que la classe « sable grossier » soit certainement du gravier.
Tab. 12 - Similarité des unités stratigraphiques par l’état de surface des grains de sable. 7.4.5.3 Gravier
Tab. 13 - Similarité des unités stratigraphiques par la présence de gravier. 7.4.5.4 CoquillageLa distinction entre dépôts naturel et anthropique de coquillages est difficile à déterminer. A priori, nous pouvons considérer que les couches décrites comme « couche de coquillages » sans inclusions anthropiques peuvent être d’origine naturelle, alors que les coquillages contenus dans des niveaux à inclusions anthropique doivent plutôt être associés à un dépôt d’origine anthropique. Dans ce paragraphe, nous nous intéressons uniquement aux coquillages déposés naturellement, c‘est-à-dire aux couches de coquillages sans inclusions anthropiques. Les us qui contiennent des coquillages sous forme d’inclusions anthropiques seront traités plus loin dans ce chapitre.
Tab. 14 - Similarité des unités stratigraphiques par la présence de coquillages déposés naturellement.. Il est intéressant de noter que l’us5, qui contient des dépôts lenticulaires de coquillages, est certainement le résultat latéral du creusage de l’us6 au niveau de la fosse visible en M23-26. 7.4.6 Inclusions végétalesLa présence d’inclusions d’origine végétale est extrêmement importante dans les sites d’habitats des cultures néoeskimo. Il est démontré que des dépôts herbeux sont très souvent utilisés en tant que matière première pour la construction des habitats semi-souterrains, notamment pour les parements périphériques et pour la couverture des toitures (par exemple cf. Blumer 1996:121). La composition des dépôts herbeux dans de telles structures construites est généralement très uniforme : entassements d’herbes d’origine toundratique, organisés pas paquets ou plaques de module variable, avec peu, voire très peu de sédiment interstitiel (souvent des limons, parfois du sable ou de l’argile). A l’origine, les constructeurs débitaient des mottes et des plaques d’humus toundratique portant une forte concentration d’herbes. Une fois entassées, ces modules pouvaient subir diverses influences dépositionnelles - compression, solifluxion, éluviation (lessivage) - de sorte que finalement, ces dépôts ressemblent à des amas herbeux - ou « briques » - généralement démunis de leur base humique. La présence de sédiments radicellés peut aussi être un indice pour déterminer la genèse des dépôts sédimentaires. Des radicelles peuvent se présenter sous forme autochtone dans des dépôts sédimentaires d’origine anthropique, à condition que ces dépôts soient restés en place suffisamment longtemps pour permettre leur développement. Elles peuvent aussi être présentes sous forme allochtone lorsqu’elles se sont formées dans des sols de toundra distant, et que ces sols ont ensuite été exploités pour des constructions humaines. La distinction entre ces deux formes n’est pas aisée, mais possible à condition d’effectuer une observation minutieuse de la structure des dépôts végétaux, ce qui ne semble pas avoir été le cas sur le site qui nous concerne. Toutefois, la présence de radicelles peut être un indice de similarité important dans notre analyse. 7.4.6.1 HerbesDans la description brute des us du sondage stratigraphique, un nombre important de couches révèlent une concentration herbeuse (faible, moyenne ou forte). Des sédiments herbeux entrent dans la composition de certains remplissages de fosses ou de dépressions.
Tab. 15 - Similarité des unités stratigraphiques par la quantité d’inclusions herbeuses. Les us en gras signalent la présence de dépôts herbeux sous forme de « briques ». Les us soulignées signalent des remplissages herbeux dans des dépressions ou des fosses. 7.4.6.2 Radicelles
Tab. 16 - Similarité des unités stratigraphiques par la quantité de radicelles. 7.4.6.3 Racines
Tab. 17 - Similarité des unités stratigraphiques par la présence de racines. 7.4.7 Inclusions d'origine anthropique
Tab. 18 - Présence d’inclusions d’origine anthropique dans les us. 7.4.7.1 Bois
Tab. 19 - Similarité des unités stratigraphiques par la quantité de bois. Les us qui contiennent du bois sous forme d’esquilles sont soulignées. Lorsque le bois est présent par grands morceaux, les us sont marquées en gras. 7.4.7.2 Matériel osseux
Tab. 20 - Similarité des unités stratigraphiques par la quantité de matériel osseux. Les us qui contiennent des petits os, des esquilles ou des éclats sont soulignées. Lorsque les os sont de grandes tailles (os de mammifères marins), les us sont marquées en gras. 7.4.7.3 CoquillagesLes couches de coquillages (dépôts naturels) ont déjà été traités dans un sous-chapitre précédent. Ici, nous voulons mettre en évidence les similarités entre us qui contiennent des inclusions sous forme de coquillages. La question de savoir si ces coquillages ont été déposés naturellement (transport éolien ou résultat taphonomique de l’activité avifaunique marine) ou s’ils sont le reflet d’une activité humaine est difficile à résoudre. La présence de coquilles esquillées n’indique pas forcément une activité avifaunique, puisque le piétinement humain est un processus de destruction qui donne des résultats similaires au cassage par des oiseaux marins (goélands). Ces derniers sont d’ailleurs souvent actifs dans les zones occupées par l’homme.
Tab.
21
- Similarité des unités
stratigraphiques par la quantité de coquillages. 7.4.7.4 Fanons de baleine
Tab. 22 - Similarité des unités stratigraphiques par la quantité de fanons de baleine. L’us24 contient des bandelettes fines de fanon de baleine. Les bandelettes et les fils, ainsi que les sections de fanons sont indubitablement les produits d’un débitage humain. Malheureusement, ces produits ne sont que rarement reconnus en tant que produit industriel, et ne sont donc presque jamais prélevés. Dans l’us40, il y a des grandes bandes de fanon. Ces bandes sont certainement des fanons bruts (entiers ou sections). 7.4.7.5 Cuir et autres tissus animauxQuatre us contiennent du cuir (us21, us23, us30 et us40). L’us21 se présente comme un dépôt de tissus musculaires animaux comprenant aussi quelques os de grands mammifères mains et du cuir. Un amas de tissu musculaire est inclus dans l’us36, interprété comme un remplissage de cache à viande sur le terrain. 7.4.8 StérilitéDans plusieurs descriptions, les us sont qualifiées de stérile. Apparemment, ce qualificatif est utilisé selon une définition particulière, puisque des us contenant certaines inclusions d’origine anthropique sont également décrites comme stériles, comme par exemple l’us30 : « os de baleine, cuir, sinon stérile ». Le qualificatif semble donc être utilisé pour caractériser l’absence de mobilier archéologique, et non pas l’origine non anthropique de la couche. Les us qualifiées de stérile sont les suivantes :
Tab. 23 - Similarité des unités stratigraphiques par l’absence de matériel archéologique mobilier. Parmi ces us, une couche est composée exclusivement de sable (us33), alors que les quatre autres contiennent une concentration moyenne à forte de sable avec de l’argile et/ou du gravier (us17, us19, us29 et us34). Ces dépôts peuvent être qualifiées de stérile stricto sensu (ils ne contiennent que des composants naturels). Les quatre us restantes comprennent deux remplissages plus ou moins herbeux de dépressions (us30 et us31), une couche constituée exclusivement de cendres (us18) et un contenu de cache à viande constitué surtout de tissus musculaires animaux (us36). Un des remplissages (us31) peut être caractérisé par une stérilité stricto sensu bien que l’agent de son aménagement puisse être humain. L’autre remplissage (us30) contient aussi de l’os de baleine et du cuir, ainsi qu’une lentille de cendres ; il ne peut donc en aucun cas être qualifié de stérile. Il en va de même pour l’us18 qui, de par sa composition (cendres), est un témoin archéologique de première importance. Le contenu de cache à viande (us36) ne peut pas non plus être qualifié de stérile au sens strict ; le tissu musculaire qu’il recèle est un matériel zooarchéologique qui a été largement sous-estimé lors des travaux de terrain. La couche de cendres (us18) ne contient pas de mobilier archéologique, mais sa composition même (cendres) en fait un témoin archéologique de première importance. 7.4.9 Comparaison d'unités stratigraphiques similaires7.4.9.1 us29 et us44Ces deux us présentent 4 critères descriptifs identiques, 1 critère différent et 10 critères non définis. Si on admet que l’absence de critères descriptifs peut être considéré comme une caractéristique, alors on peut établir que l’us29 et l’us44 ont 13 critères identiques pour 1 critère différent. Nous pouvons donc considérer que ces deux us sont équivalentes. Leurs positions respectives, au fond du profil, tant dans le relevé du profil que dans le graphe de Harris (Fig. 11) concordent parfaitement avec cette conclusion. Le complexe représenté par ces deux unités stratigraphiques est sans aucun doute un dépôt stérile non remanié. En M5-8, sa limite supérieure est le fruit d’un creusage. 7.4.9.2 us17 et us19bCes deux us ont en commun 5 caractères descriptifs identiques, 1 caractère différent et 9 caractères non définis, ce qui fait 14 identiques et 1 différent. Ces faits, ainsi que leurs positions respectives dans le graphe de Harris nous permettent de considérer ces deux us comme équivalentes. Ces deux unités sont physiquement séparées dans le profil à cause d’un creusage ou d’un érosion qui a permis la déposition de l’us26. La limite supérieure de l’us17 est peut-être la résultante d’un creusage. En M17-18.5, c’est un creusage qui a formé la limite supérieure de l’us19b (origine anthropique de l’us28). 7.4.9.3 us5 et us64 identiques, 2 similaires, 6 non définis et 3 différents, ce qui fait au total 10 identiques, 2 similaires et 3 différents. Il existe sans doute un lien génétique entre ces deux us. La nature de ce lien peut être extrapolé à partir des positions respectives de ces deux dépôts : us5 se trouve en contact direct sur l’us6 ; l’us6 contient des coquillages déposés en bandes, alors que l’us5 contient un mélange de coquillages. On peut considérer que l’us5 est un sédiment de l’us6 qui provient du creusage de la fosse (H1 ; cf. Chapitre 8.1.1 ) qui contient le remplissage constitué par us10sup, 10inf et 11. 7.4.9.4 us6 et us 10inf4 identiques, 2 similaires, 4 non définis et 5 différents, ce qui donne 8 identiques, 2 similaires et 5 différents. Ces deux us, disposées parallèlement à un bloc lithique subvertical (SV1 ; cf. chapitre 8.1.1), semblent être liées génétiquement. Nous observerons, dans le chapitre concernant les structures architecturales (chapitre 8), que l’us10inf représente une toiture affaissée qui a probablement été partiellement construite avec des matériaux provenant initialement de l’us6. L’us6 semble être, dans sa position actuelle, le dépôt de fondation du parement périphérique de la fosse (H1 ; cf. Chapitre 8.1.1 ). 7.4.9.5 us16 et us342 identiques, 6 non définis et 7 différents. Donc 8 identiques pour 7 différents. Un lien génétique est possible. Nature difficile à déterminer.
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